Green Valley, village qui est le mien, où la perception règne toute puissante, où la chanson des vrombissements des trains constitue une logique absolue. Les trains vont et viennent à proximité, dans les bois et les champs, comme de petits tremblements de terre et foncent à cent milles à l’heure dans le ciel calibré pour scier des tranches de verdure. On les sent venir, comme des vagues inévitables, comme un aboutissement. Un train qui vient, c’est la Noël, événement joyeux ou funeste, une quasi fin du monde ou un soulagement dont l’attente paralyse, obnubile. On l’entend venir de loin, la stridence déchirant le paysage, sillonnant la civilisation clairsemée, la cisaillant comme un prophète en colère scinde une mer en deux. Texte: Ménard, David