Le bosquet de tous les soupirs

Parc Strathcona

J’avais à peine seize ans, elle en avait plus du double. Elle était blonde, ou peut-être rousse ou brune. Ou tout cela à la fois. Elle fredonnait un air de Dalida tout en soufflant sur mes cheveux :

– Tu veux ?

Je voulais, mais la gêne me retenait de l’avouer. Ses lèvres étaient baladeuses. Un clin d’œil. Elle a pris ma main dans la sienne. Sa peau était soyeuse. Elle m’a attiré à l’ombre d’un bosquet du parc Strathcona.

Depuis, chaque cours d’eau est pour moi reposoir de murmures entrelacés aux abords de la rivière Rideau. Tout mon hommage est dû à cette inconnue qui a insufflé en moi l’art des plaisirs partagés.    Texte: Boisjoli, Jean